Barocland

On retourne à la librairie (n°9)

C’était une belle journée ensoleillée et à la chaleur agréable. Les rues de Raindown étaient calmes, comme toujours, et seule une petite brise soufflait dans les feuillages des platanes. Mais aussi dans les cheveux fous d’Arthur.
Il essayait tant bien que mal de les repeigner, et répétait cette opération inutile et un poil stupide toutes les 30 secondes. Il se devait d’être impeccable, vu qu’il allait revoir la belle Pattie dans quelques instants.
« John, dis moi, ça se voit pas trop que ma chemise n’est pas repassée?
- Et que tes souliers ne sont pas cirés ? Ajouta Eugène sur un ton sarcastique (ton bien particulier à Eugène, qu’il a travaillé pendant des années avant d’arriver à ce degrés de perfection). » Arthur ne savait plus où se mettre : sa chemise était aussi froissée qu’une chemise de contorsionniste, et ses chaussures étaient pleines de terre.
« Les gars, je vais vous laisser y aller sans moi, je peux pas mettre les pieds dans cette rue... Faut surtout pas que Pattie me voit comme ça, je ne veux pas qu’elle pense que je suis négligé. Je cours me changer chez moi... »
John ne faisait nullement attention aux jérémiades de son ami. Il réfléchissait, fixant la carte de fidélité de la librairie de la rue Kenna d’une part, et la facture du livre qu’il y avait acheté d’autre part. Les compères attendaient tranquillement et silencieusement le bus. Mis à part, bien entendu, Arthur qui trépignait, sa balançant d’un pied sur l’autre, tentant de défroisser sa chemise avec sa seule main qu’il aurait vraiment aimé voir se métamorphoser en fer à repasser. Et à cet instant, il commença à vivre un véritable drame personnel : Pattie, la charmante fille du libraire, qu’il n’aurait voulu pour rien au monde croiser dans cet état, sortit d’une boutique toute proche, et se dirigea vers l’arrêt de bus. Elle afficha immédiatement son grand sourire lorsqu’elle reconnut son cher ami...
« P... Pa... Pattie, bégaya le renard en question, quelle... Bonne surprise !
- Mon petit Arthur ! Ça me fait plaisir de te revoir ! » Elle lui déposa un petit baiser sur la joue puis ajouta le redoutable : « Tu ne me présentes pas tes amis? »
Eugène fut rapide comme l’éclair et prit les devants, soudainement transporté par une galanterie aux parfums d’Italie : « Eugène Boccelli, enchanté, très chère Pattie ! Arthur m’a dit beaucoup de bien sur vous, et je pense sincèrement qu’il en a oublié la moitié ! » Il lui baisa la main avec respect et maintes pirouettes inutiles, plutôt ridicules, mais toutes fois bien réussies. « John Lane, continua-t-il en désignant le troisième et dernier compagnon encore perdu dans ses réflexions, grâce à qui vous connaissez à présent Arthur. »



30/01/2011
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 5 autres membres