Barocland

John, pensif, était installé sur un rocher plat au pied d’un bel arbre et regardait vaguement l’horizon qui s’offrait à lui. Etrangement, ses préoccupations étaient telles qu’il n’éprouvait plus la même admiration, le même enchantement face à son vert pays aux douces collines.
Eugène avait opté pour le ciel. Allongé dans l’herbe, il fixait un nuage en forme de poussin. Et il cherchait vainement la poule.
Arthur n’aimait pas tellement ces silences. Ils voulaient dire que ses deux amis réfléchissaient intensément, mais pas lui. Soudainement pourtant, il eu une fulgurante pensée qu’il s’empressa de dire tout haut :
«  Et on n’a pas reparlé de la mystérieuse belle jeune femme qui a tant troublé John et qui lui a surtout fortement conseillé le bouquin mystère! »
John sursauta et tourna la tête vers Arthur (qui avait alors une position très ridicule mais voilà qui n’a pas de réelle importance ici). Eugène se leva en un bond et se précipita sur Arthur. Il le prit par le col de sa chemise et le fixa avec des yeux émerveillés.
« Bon sang, pourquoi n’y a-t-on pas pensé plus tôt?! Et pourquoi tu y penses toi et pas nous?
- Je l’avais complètement oubliée, murmura John, c’est inexplicable, elle m’avait pourtant tellement marqué! » Eugène semblait avoir été frappé de folie.
« Mais oui! La fille! Que le libraire n’a jamais vue! La fille!
- La magnifique, splendide reine, vous voulez dire… » Les trois paires d’yeux des amis se tournèrent simultanément vers la voix intruse qui venait de prononcer ces mots.
« Bonjour, jeunes gens, je m’appelle Makoon Dylamini. Je vous trouve enfin… »