Barocland

Contre toute attente, c’est une forêt paisible et a priori accueillante qui s’ouvrit devant nos quatre voyageurs. Arthur, bien qu’il ait redouté, comme il n’avait jamais redouté, son premier pas dans cette grande Forêt de l’Est, se sentit anormalement calme dès qu’il respira l’atmosphère humide au parfum de sève et de mousse. Il eut toutefois un instant d’hésitation, suspendant son pas, tout comme ses trois compagnons. Makoon arborait un sourire exprimant une sorte de béatitude malsaine, du moins c’est ainsi que le ressentit Eugène, toujours sur ses gardes, et peu enclin à s’émouvoir devant le spectacle de verdure qui s’offrait à leurs yeux. John lui, bien au contraire, était enclin à s’émouvoir. Cette lumière si particulière, les rayons du soleil filtrés par un rideau ondoyant de feuilles, ces odeurs… et ce silence, perturbé occasionnellement par des craquements, des bruissements, ou quelques chants lointains d’oiseaux. L’espace d’un instant, il oublia pourquoi il était là. Il oublia cette histoire de livre, de sorcière, et il oublia que son petit frère avait disparu. Un instant seulement. Puis le retour à la réalité se fit brutalement, ce fut comme une claque. Il pu même en sentir la chaleur sur sa joue de renard.