Au commissariat (n°11)
L’agent de police aux moustaches qui aimait faire des clins d’œil s’amusait sur sa chaise de bureau à roulettes. Il ne lui restait plus qu’une demi heure à travailler, et après, il pourrait s’étaler dans son canapé devant sa télé. John et Eugène vinrent alors troubler son repos.
« Monsieur l’agent, dit John, bien le bonsoir, je suis John Lane, le grand frère de Paul Lane, récemment disparu.
- Ah mais bien sûr, Monsieur Lane, vous voulez savoir où en est l’enquête? » L’agent aux moustaches ne pouvait pas avoir oublié cette enquête, cette affaire si exceptionnelle et excitante.
« Bien, dit alors John avec son calme naturel, nous aimerions savoir combien de disparitions inexpliquées y-a-t-il eu à Raindown ces dix dernières années. Vous pouvez bien nous faire cette recherche rapide sur votre ordinateur? » Sans un mot, l’agent s’exécuta en tapant sur son clavier avec un seul doigt. Quelques minutes plus tard, il leva la tête.
« Peut être avez-vous en tête un détail clef qui reviendrait de manière récurrente dans les disparitions qui vous intéressent? Comme un quartier ou une tranche d’âge?
- Oui justement, lui répondit John, j’allais vous demander si vous aviez le moyen de cibler la recherche. Je recherche des disparitions en lien avec une librairie, ou plus largement avec un livre. »
L’agent de police aux moustaches releva la tête de son moniteur après quelques instants.
« Alors, ces dix dernières années, en comptant votre frère, il y a eu trois disparitions à Raindown où intervient de manière notoire l’achat d’un livre. L’avant dernière remonte à cinq ans, un certain Warwick Friman… dont le père nous harcèle régulièrement je crois. Et la première est arrivée cinq ans plus tôt, presque jour pour jour, que celle de Friman. Un dénommé Gareth Grabol. Et c’était dans les deux cas des jeunes hommes d’une vingtaine d’années. » Eugène poussa un petit cri de victoire, alors que John, fidèle à lui-même, contenait sa soudaine et enivrante sensation de supériorité. Sa théorie tenait debout! Et pour montrer à quel point il pouvait garder son sang froid, il demanda au moustachu, avec un ton parfaitement posé et neutre.
« Et que donne cette recherche sur quinze ans au lieu de dix? Y’a-t-il une disparition en plus? » Eugène fixait à présent son ami avec un air inquiet.
« En effet, répondit l’agent, il y a quinze ans, c’est un jeune homme de 23 ans, Makoon Dylamini, qui a disparu. Et ce deux jours après avoir acheté un livre. Un livre qu’il n’a pas quitté pendant ces deux jours, d’après le témoignage de sa compagne. »
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