petit cours sur la faune (n°23)
« Y’a quel genre de bête ici? » Demanda soudainement Arthur, qui voulait rompre la monotonie des « aïe » et des « argh » . John savait qu’il allait finir par poser cette question cruciale. Il avait déjà préparé sa réponse, afin de ne pas laisser Makoon Dylamini effrayer inutilement ce pauvre renard.
« Et bien il y a du gibier bien classique, lièvres, lapins, quelques sympathiques cervidés, blaireau… la faune habituelle de Barocland. Sûrement quelques rapaces aussi, peut être quelques carnivores bien inoffensifs…
- Inoffensifs? S’exclama Arthur, je ne pense pas que tu tiendrais le même discours si tu te retrouvais nez à nez avec un ours affamé, ou encerclé par une horde de loups salivant. J’aurais du prendre mon « Guide du Randonneur Trouillard en Forêt », et plus précisément le tome deux sur les animaux. » Il eu un court silence. Et Arthur, qui ne l’oublions pas, est loin d’être stupide, repris : « De toute manière, je savais qu’il y avait ces bêtes là dans cette forêt. Ce qui m’intrigue, ce sont les sous-entendus de Martin. Et pourquoi personne ne vient dans cette forêt! »
John le savait lui, pour avoir passé une bonne partie de sa jeunesse dans les rayons « Mythes et Légendes » de la bibliothèque de Raindown. Mais justement, vu l’intitulé de ces rayons, devait-il croire ce qu’il avait lu? Ce qu’il en savait, de cette Forêt de l’Est, il pouvait difficilement en parler avec certitude, étant donné sa propre perplexité sur ce sujet. Mais après tout, il y a des choses très étonnantes à Barocland…
« Et bien, dit enfin Eugène, sentant la profonde réflexion de John sur le sens même de la vie, ce qui le rendait muet, pour tout t’avouer Arthur, cette forêt n’apporte rien de bon à ce pays. On l’a vite compris et on en a fait une zone protégée. Ce qui n’est pas une mauvaise chose dans le fond, mais ça a contribué à alimenter l’imagination de plusieurs générations, et on raconte maintenant tout un tas de choses. Certaines de ces choses ont du t’arriver aux oreilles quand tu étais gamin, et ont là encore nourrit ton imagination. C’est un cercle vicieux tu vois, les gens ont fini par donner une aura maléfique à cette forêt, parce qu’ils en ont peur. Mais moi je suis sûr que cette réputation est infondée. » Voilà qui se voulait rassurant. Arthur s’arrêta. Il regarda au dessus de lui. A sa droite, à sa gauche, derrière lui, sous ses pieds, autour de ses pieds, et à nouveau devant lui. Il fixa Eugène qui progressait encore, mais bien plus lentement.
« Donc pas de gobelets à gueules cassées? Pas de fantômes de tisserands ici? » Un grand silence glacial résonna dans le sous-bois.
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